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Bref
historique de RainDance
par Davidson Gigliotti
Les débuts 1968-69 |
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Frank Gillette,
1970
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Frank Gillette, artiste et activiste média radical,
a formé la Raindance Corporation à New
York durant l'été de 1969. Il cherchait
à créer un groupe de réflexion
alternative fertile en idées, énergie,
publications et bandes vidéo, qui servirait de
base théorique à la mise en uvre
d'outils de communication en vue du projet de changement
social.
Afin de marquer son point, Gillette a choisi le nom
Raindance comme référence ironique à
la Rand Corporation, un groupe de réflexion de
l'establishment, qui existe toujours et conseille le
gouvernement et l'industrie.
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Le concept de Gillette procède d'idées,
d'événements et de relations qui s'étaient
développés les années précédentes.
Un passage important a été son amitié
avec Alan Krebs et son association avec la Free University
de Krebs sur East 14th Street à New York, où
il donnait un séminaire sur McLuhan durant l'hiver
1967-68.
Le séminaire sur McLuhan a amené Gillette
à rencontrer Paul Ryan, qui travaillait avec
Marshall McLuhan comme chercheur universitaire à
Fordham pendant l'année où McLuhan était
titulaire de la Chaire Albert Schweitzer. Ils se sont
liés d'amitié et au printemps de 1968
Ryan, qui travaillait déjà avec la vidéo,
a prêté à Gillette deux portapaks
Sony avec caméras, deux petites caméras
de studio, deux tables de lecture et deux moniteurs
qui avaient été donnés à
l'université.
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Paul Ryan,
1970
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Gillette a tout apporté à son loft sur
Avenue A et 6th St et a passé lété
à expérimenter avec la vidéo. Il
a fait des enregistrements dans la rue, monté
des installations dans son loft et réfléchi
aux implications de ce nouveau type de fabrication dimages.
À lépoque, Gillette nétait
pas le seul à tâter de la vidéo
à New York. Durant ses sessions denregistrement
devant Gem's Spa à lintersection de St.
Mark's Place et de 2nd Avenue, il a attiré lattention,
à diverses occasions, dHoward Gutstadt
et de Victor Gioscia.
Gutstadt, un artiste, a présenté Gillette
à David Cort et à Ken Marsh, aussi des
artistes, qui travaillaient avec une caméra et
une platine vidéo dun pouce dans Brooklyn
pendant la grève des professeurs de la ville
en 1968. Cort, Marsh, Gutstadt, Gillette et son ami,
Harvey Simons, formaient un groupe informel de discussion
quils appelaient Commediation, et ils se réunissaient
à loccasion durant lautomne de 1968.
Eric Siegal, Les Levine et Nam June Paik se joignaient
aussi à eux de temps à autre.
Victor Gioscia, philosophe, professeur à Adelphi
et directeur de la recherche des Jewish Family Services,
utilisait la vidéo dans son travail tant comme
spécialiste de la thérapie de famille
que comme professeur à Adelphi, où il
enseignait la pensée de McLuhan et de Bateson
et dirigeait un laboratoire sur le portapak. Gioscia
sintéressait lui aussi beaucoup aux implications
de la vidéo dans le cadre du changement social,
et Gillette et lui partageaient un intérêt
marqué pour Marshall McLuhan, Gregory Bateson,
Warren McCullough et dautres penseurs.
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Ira Schneider,
1971
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En décembre, 1968, Gillette a rencontré
Ira Schneider. Ce dernier avait étudié
la psychologie expérimentale et la neurophysiologie
à la University of Wisconsin, mais il sétait
tourné vers la production cinématographique
et avait remporté des prix pour ses courts métrages.
En janvier 1969, David Brooks, cinéaste et professeur,
a invité Schneider au Antioch College de Yellow
Springs, Ohio, pour donner un atelier. Schneider a invité
Gillette à laccompagner, marquant ainsi
le début dune importante collaboration
et amitié.
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Le printemps suivant, Gillette et Schneider ont été
invités à participer à TV as a
Creative Medium, une exposition collective portant sur
les artistes de New York qui travaillaient avec la vidéo
en 1969. Lexposition était présentée
à la galerie de Howard Wise, le conservateur,
sur 57th Street. Gillette et Schneider ont proposé
une uvre vidéo multi-canaux interactive
intitulée Wipe Cycle. Luvre
procédait de lexpérience de Gillette
avec léquipement quil avait utilisé
lété précédent, ainsi
que de lintérêt de Schneider pour
linteraction du public et la rétroaction
différée. Wise a accepté de financer
le projet à hauteur de 10 000 $.
Wipe Cycle était une uvre complexe
qui nécessitait un montage spécial de
circuits. Elle nétait pas au-delà
des capacités de Gillette à limaginer,
mais cest Schneider qui a compris comment la concevoir.
Le parachèvement et lexposition réussis
de cette première installation vidéo ont
approfondi lamitié et le respect entre
les deux hommes.
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Gillette a rencontré Michael Shamberg, jeune
reporter du Time Magazine, grâce à un ami
mutuel. Shamberg avait lu McLuhan, était impressionné
par la conceptualisation que faisait Gillette de limportance
de la vidéo comme outil approprié pour
susciter un changement à cette époque
critique, et était attiré par le potentiel
évident du médium pour un journalisme
novateur. Shamberg a proposé à son rédacteur
du Time de faire un reportage sur lexposition
à la galerie de Wise et Wipe Cycle
et a été chargé de lécrire.
Shamberg et Gillette se sont bien entendus et bientôt
Shamberg songeait à quitter son emploi pour se
joindre à Gillette dans une nouvelle entreprise.
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Michael Shamberg,
1971 |
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Mais avant que Raindance puisse naître, il manquait
encore un élément. Grâce à
une relation fortuite découlant de latelier
de Schneider à Antioch lhiver précédent,
Gillette a rencontré Louis Jaffe, un jeune musicien
de Virginie. Jaffe avait abandonné ses cours
à Antioch, occupait ses étés en
travaillant comme photographe de nouvelles, avait voyagé
partout au pays et arrivait à New York en quête
dun projet. Il avait de largent familial
à investir, mais désirait linvestir
dans un projet significatif à ses yeux.
Il venait dune famille associée aux médias
son père avait été un journaliste
important en Virginie et un projet relatif aux
médias lui convenait parfaitement. Comme il sentendait
bien avec Gillette et Shamberg, il a accepté
de contribuer au financement de Raindance. Au cours
des premiers 18 mois, Jaffe y a injecté environ
70 000 $.
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Gillette, Shamberg, Jaffe et Marco Vassi, ami de Gillette,
ont enregistré Raindance en tant que société
du Delaware en octobre 1969.
Au début, le cercle de gens autour de Raindance
comprenait, outre ses fondateurs, Paul Ryan, Vic Gioscia,
Megan Williams et Harvey Simonds. Ils nétaient
pas tous membres au sens strict du terme, mais ils sintéressaient
tous au potentiel de la vidéo dun demi-pouce
pour le changement culturel et formaient un groupe daffinité
autour de lidée de groupe de réflexion
de Gillette. Jody Sibert, qui au départ aidait
au bureau, participait aussi aux activités quotidiennes
de Raindance, puis en est devenue membre à part
entière.
Les membres fondateurs
Frank Gillette, premier président de Raindance,
avait, dans le jargon de lépoque, le
« meilleur rap ». Il pouvait parler de manière
convaincante de la vidéo, des médias,
de lavenir et de la place quy occuperait
Raindance. Versé dans plusieurs domaines de savoir
connexe et très influencé par la pensée
de Gregory Bateson, Gillette était éloquent,
bon communicateur, brillant penseur, mais piètre
administrateur. Il se pointait sporadiquement au bureau
de Raindance, préférant travailler à
domicile.
Michael Shamberg était un écrivain professionnel
avec une expérience journalistique. Il avait
une bonne compréhension de ladministration
et de lunivers des grands médias. Il sest
peu à peu chargé de plus en plus des tâches
administratives de Raindance et, à la demande
de Louis Jaffe, Gillette a cédé volontairement
la direction à Shamberg.
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Marco Vassi,
1970 |
Louis Jaffe possédait des aptitudes en matière
de médias ainsi que les ressources, lénergie
et la vision pour soutenir Raindance pendant sa première
année. Il sest mis à participer
aux activités quotidiennes de lentreprise
et, au début, agissait comme directeur de la
diffusion de Radical Software.
Marco Vassi, un ami de Gillette, donnait un coup de
main parce que Gillette ne connaissait pas si bien Shamberg
et Jaffe et quil voulait un ami sur qui compter
au sein de Raindance. Vassi était un rédacteur
et un ardent défenseur de la liberté sexuelle.
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Ira Schneider et Beryl Korot
Schneider et Gillette sétaient éloignés
après leur collaboration pour Wipe Cycle
et pour un projet subséquent avorté de
conception dun affichage vidéo pour lAmerican
Can Company, un projet auquel Woody Vasulka, artiste
vidéo bien connu aujourdhui, était
aussi associé.
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Cet été-là, Schneider a décidé
de collaborer avec John Reilly dans un partenariat appelé
Televisionary Associates et a produit plusieurs vidéos
avec lui.
Beryl Korot, qui venait de terminer ses études
collégiales, travaillait pour Barbara Epstein
à the New York Review of Books. Auparavant,
elle avait travaillé pour Nanine Bilski, dabord
à la NYU School of the Arts, puis à Cybern
Education, une firme de consultants en art public. Schneider
et elle sétaient connus à luniversité
du Wisconsin et sétaient revus à
New York. Korot possédait une expérience
du magazine et elle et Schneider avaient souvent parlé
dun périodique qui servirait le milieu
naissant de la vidéo. À lautomne
de 1969, Korot a rencontré Phyllis Gershuny.
Phyllis Gershuny
Gershuny revenait à New York après un
long séjour en Europe, où elle avait été
initiée à la vidéo par John Hopkins,
un journaliste et photographe britannique. Elle aussi
avait songé à créer un bulletin
destiné au milieu émergent de la vidéo
et avait déjà certaines idées pour
le format. Après quelques rencontres initiales,
Gershuny et Korot décidaient de collaborer à
la production dune publication.
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Beryl Korot, 1970

Phyllis Gershuny,
1970
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24E22nd st, 2003
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Gershuny sy connaissait un peu en production cinématographique,
avait travaillé avec le Living Theater en Europe
et avait une bonne idée de ce que la vidéo
pourrait devenir, bien quelle ne sy adonnait
pas elle-même. Sans aucune perspective de soutien
hormis les encouragements de Schneider, les deux femmes
ont commencé à travailler sur The Video
Newsletter, leur titre provisoire qui deviendrait
plus tard Radical Software.
Entre-temps, Schneider était de plus en plus
insatisfait de sa situation. À lautomne
de 1969, Televisionaries avait évolué,
avec larrivée de Rudy Stern, en Global
Village. Cétait devenu une salle de vidéo,
avec un horaire de diffusion, des annonces dans le Village
Voice et un auditoire payant. Peu de temps après,
il y avait un conflit entre les priorités des
uns et des autres. Apprenant quil ne pouvait y
présenter ses bandes sur les Rolling Stones,
récemment tournées au Festival de musique
dAltamont, Schneider a quitté Global Village
en décembre 1969 pour se joindre peu après
à Raindance. Il arrivait avec de bonnes aptitudes
en production vidéo et, grâce à
son association avec Korot et Gershuny, la possibilité
dun bulletin sur la vidéo.
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Peu après larrivée de Schneider,
les dirigeants de Raindance louaient un loft au 24 East
22nd Street. Shamberg quittait son emploi au Time
Magazine peu après.
The Center for Decentralized Television
Il était impératif que Raindance se trouve
un projet qui affermirait le groupe financièrement
et professionnellement. Le bulletin ne sortirait pas
encore avant des mois, et laide financière
de Jaffe, bien que généreuse, était
vite dépensée. Paul Ryan, consultant pour
le New York State Council on the Arts (NYSCA), a informé
Raindance de la forte majoration du budget de cette
organisation et de lintroduction, par lintermédiaire
du Département cinématographique du NYSCA,
dune large affectation de fonds pour les nouveaux
médias.
Au début du printemps de 1970, pendant que Korot
et Gershuny travaillaient à leur bulletin, Shamberg
et Schneider ont proposé, par le truchement du
Jewish Museum, que Raindance serve dintermédiaire
subventionnaire pour une partie des nouveaux fonds affectés.
Ils ont appelé leur programme The Center for
Decentralized Television, un titre humoristique, et
ont élaboré un plan pour administrer et
octroyer 250 000 $ à des vidéastes indépendants,
en partant du principe quils connaissaient bien
le domaine et pourraient distribuer équitablement
les subventions. Ils ont aussi avancé les installations
de rédaction et de distribution dans le cadre
dun programme complet qui placerait Raindance
au centre de la jeune communauté alternative
de la vidéo de New York. NYSCA, incertain de
sa propre compréhension de ce nouveau paysage
des médias et des gens qui le composaient, a
provisoirement accepté doctroyer
250 000 $ à Raindance pour sacquitter de ce rôle
dintermédiaire subventionnaire.
Cela a éveillé lattention des anciens
partenaires de Schneider, Reilly et Stern de Global
Village, mais aussi de Videofreex, un collectif vidéo
mis sur pied par David Cort et Parry Teasdale, et du
People's Vidéo Theater, organisé par Ken
Marsh, Howard Gutstadt et Elliot Glass. Le plan de Raindance
sest heurté à une vive opposition,
surtout de la part de Global Village. Reilly et Stern
ont habilement soulevé un raz-de-marée
de critique, devant lequel le NYSCA a résilié
son offre. Cétait une défaite, plus
quune défaite - un désastre qui
a empoisonné le jeune milieu de la vidéo
de New York pendant des mois, voire des années
dans certains cas. Cela aurait probablement signifié
la fin de Raindance si ce navait été
de Radical Software.
Radical Software
En juin 1970, Beryl Korot et Phyllis Gershuny ont fait
imprimer le premier numéro de Radical Software.
Il a été imprimé en format pli
croisé, à lencre bleue, et sa couverture
était ornée dune image informatisée.
La commande était de 2000 exemplaires. Dans le
bloc générique, Michael Shamberg était
mentionné à titre déditeur,
Ira Schneider à titre de co-auteur, et Korot
et Gershuny à titre de rédactrices en
chef. La Raindance Corporation était aussi mentionnée
à titre déditeur.
On y trouvait un éditorial, écrit par
Korot, Gershuny et Shamberg, qui soulignait la relation
entre le pouvoir et le contrôle de linformation
ainsi que limportance daffranchir la télévision
de la mainmise des grandes sociétés. Léditorial
faisait aussi une évaluation objective de la
technologie en tant que force culturelle, et recommandait
une approche écologique pour la comprendre. Les
membres de Raindance employaient le terme écologie
dans son sens scientifique original, à savoir
létude de systèmes au sein de leurs
environnements. Cela sappliquait à tous
les systèmes culturels, informationnels et politiques
et faisait aussi référence aux systèmes
naturels dans le sens où lon entend aujourdhui
le terme. « Il faut mettre les bons outils
entre bonnes mains et non rejeter tous les outils
du fait de leur mauvais emploi au profit de quelques-uns
seulement », écrivait Shamberg.
Pour démontrer leur engagement envers la libre
information, ils ont banni la marque standard de droits
dauteur pour la remplacer par une nouvelle, un
cercle entourant un X, ce qui signifiait « prière
de copier ».
Le premier numéro de Radical Software
comprenait un article de Gillette sur lécologie
des médias et un autre sur les effets néfastes
du EVR, ou enregistrement vidéo électronique
(un système de reproduction propriétaire
conçu par CBS); un article de Paul Ryan sur les
possibilités de communication de la télé
par câble; un article de Gene Youngblood sur
« The Videosphere ». La contribution de Nam June
Paik sintitulait « Expanded Education for
the Paperless Society », deux pages dobservations,
de citations et dactualités. Thea Sklover
avait rédigé un rapport sur létat
de la télévision par câble aux États-Unis,
et Robert Kragen un article intitulé
« Art and TV ». Le numéro renfermait aussi
des contributions de Shamberg, Vassi, Aldo Tambellini,
Jud Yalkut, Alex Gross, Richard Kahlenberg et dautres.
On trouvait aussi un article de Bonnie Kline et Dorothy
Henaut, du programme canadien Construire demain, décrivant
leurs expériences se rapportant à la facilitation
de laccès au portapak à lintention
de groupes communautaires locaux de Montréal.
Ce numéro comprenait aussi une entrevue avec
R. Buckminster Fuller réalisée par la
Raindance Corporation, transcrite dune bande vidéo
de Raindance et portant sur divers sujets comme le Jour
de la Terre, lévolution de la civilisation,
quelques souvenirs de sa jeunesse, des aspects du programme
spatial et la signification de lécologie.
La section « FEEDBACK », sur les dernières
pages, offrait des contributions de 32 groupes et personnes,
tous engagés dans la vidéo portapak à
un degré ou un autre.
Cétait un premier numéro saisissant.
La plupart des exemplaires ont été donnés,
environ 700 ont été vendus au coût
de un dollar. Les coûts dimpression et denvoi
postal se sont élevés à près
de 2 000 $. Korot et Schneider ont parcouru le pays
en auto pour distribuer le numéro aux librairies.
En septembre 1970, 3000 autres exemplaires du numéro
ont été imprimés et le travail
pour le deuxième numéro a débuté.
Le deuxième numéro de Radical Software
avait le même format que le premier. Cette fois,
laccent portait sur la technologie. On y trouvait
un article sur le laser et lholographie par Lloyd
Cross, et des articles de Parry Teasdale, Eric Siegal,
Andrea Brown et Charles Bensinger. Il y en avait deux
de Paul Ryan et un de Vic Gioscia, intitulé Frequency
and Form.
Mais les cinq premières pages concernaient la
télé par câble et le spectre électromagnétique,
et contenaient des graphiques, du texte et des interviews,
compilés et rédigés par Beryl Korot.
Cétait une recherche exhaustive, fournissant
une mine de données aux activistes de laccès
public.
Au lieu de léditorial, le numéro
contenait une analyse du portrait financier engendré
par le premier numéro du magazine, indiquant
clairement une perte.
Durant cette période, 1970-71, le New York State
Council on the Arts sest présenté
comme le principal organisme subventionnaire de la vidéo
alternative à New York, et a ouvert un nouveau
département, TV/Média. Pour être
admissible à une subvention directe du NYSCA
il fallait être un organisme cultural exonéré
dimpôt, un 501(c)3 (1). Les groupes
non admissibles pouvaient obtenir une subvention seulement
par lintermédiaire dorganismes-cadres,
soit des organismes admissibles et sans but lucratif
prêts à assumer la nécessaire responsabilité
fiscale.
Pour son projet Center for Decentralized Television,
la Raindance Corporation avait fait une demande par
lentremise du Jewish Museum de New York. Bien
que nayant pas obtenu la subvention attendue,
elle a tout de même reçu 35 000 $ au printemps
de 1971, subvention qui a permis à Raindance
dalléger son fardeau financier grandissant.
Raindance a finalement obtenu le statut dorganisme
501(c)3 en juin 1971 et a changé son nom pour
la Raindance Foundation.
Au moment du troisième numéro, au printemps
de 1971, les membres de Raindance ont commencé
à réaliser que sortir un magazine en temps
constituait une activité exigeante en main-duvre,
qui soustrayait du temps à consacrer à
des projets plus agréables, comme faire des bandes
vidéo et constituer un système viable
de distribution des bandes. Le magazine Radical Software,
aussi important quil soit, représentait
un centre de coûts, et Raindance ne disposait
daucune source de revenus hormis largent
donné initialement par Jaffe (presque tout dépensé),
le peu de fonds que le groupe recevait du NYSCA et les
revenus tirés des consultations quil donnait.
Cette fois, léditorial a fortement laissé
entendre que Radical Software pourrait être
discontinué après quelques autres numéros.
Pour le troisième numéro, Gershuny a
été remplacée comme co-rédactrice
par Michael Shamberg et mentionnée à titre
de rédactrice en chef adjointe dans le bloc générique.
Les contributions de Gershuny à la fondation
initiale de Radical Software étaient nombreuses,
notamment la conceptualisation, le design et le contenu.
Nayant jamais été invitée
à se joindre à Raindance, Gershuny a quitté
Radical Software après le troisième
numéro.
(1) Note : 501(c)3 est une désignation
de statut pour un organisme sans but lucratif en vertu
de la National Revenue Act des États-Unis dAmérique
Dean and Dudley Evenson
Heureusement, durant lhiver de 1970-71, Raindance
a bénéficié de sang neuf avec larrivée
de Dean et Dudley Evenson du Lower East Side de New
York, le vivier de nombre des premiers aficionados de
la vidéo de New York. Dean, comme Ira Schneider,
venait des sciences exactes, dans son cas, la biologie
moléculaire. Cétait aussi un musicien
accompli, un flûtiste, qui avait travaillé
dans des studios denregistrement de New York comme
ingénieur du son. Il avait une connaissance professionnelle
des détails des signaux audio et vidéo.
Dudley était photographe professionnelle. Ils
avaient assisté, avec un portapak, à la
Alternate Media Conference à Goddard au
printemps de 1970, où ils avaient rencontré
des membres du milieu de la vidéo de New York.
Bons travailleurs, ils se sont trouvé une place
au sein de Raindance qui, avec le magazine à
produire et dautres projets en cours, avait besoin
de leurs compétences et leur énergie.
Le quatrième numéro de Radical Software,
à lété de 1971, sous la direction
de Korot et de Megan Williams, était le plus
ambitieux jusquici : 79 pages et une couverture
en deux couleurs conçue par Ant Farm. Il sagissait
de la première expérience de Raindance
avec la sous-traitance de certaines parties dun
numéro, et le résultat était une
compilation riche et dense de matériel
propositions, essais et rapports de groupes médias
alternatifs et de groupes vidéo du Canada et
de la Californie.
Radical Software se vendait maintenant 3,00
$ lexemplaire et les tirages étaient de
10 000. Transparents à lexcès, les
membres de Raindance y ont ajouté une section
près du bloc générique détaillant
tous les comptes du numéro présent et
précédent. Les profits étaient
illusoires. Les membres de Raindance avançaient
la plus grosse partie des coûts dimpression
et de distribution eux-mêmes, et nétaient
encore jamais parvenus à les couvrir. Nombre
dexemplaires étaient encore donnés,
et peu étaient vendus au prix au numéro.
Guerrilla Television
Vers la fin de lhiver 1971, Shamberg est parti
pour Nassau aux Bahamas et a écrit un livre.
En raison de ses expériences comme éditeur
de Radical Software et, plus particulièrement,
de son association avec Gillette, Paul Ryan, Schneider,
Korot et dautres dans le groupe daffinité
de Raindance, Shamberg a décidé de tenter
de passer le message de Radical Software dans
un livre. Cela permettrait dattirer, pensait-il,
un plus grand public pour Raindance et Radical Software,
et doffrir un référentiel plus permanent
pour les idées de Raindance que les numéros
jetables du magazine. Par ailleurs, cela pourrait aussi
générer des revenus si indispensables.
Une tradition dédition alternative fructueuse
prenait forme, déclenchée par le Whole
Earth Catalog de Stewart Brand.
Shamberg a distillé sous forme de livre populaire
les idées de Gillette et dautres ainsi
que les écrits de Paul Ryan au sujet de lutilisation
agressive de la vidéo dans le ferment social
du début des années 1970. Guerrilla
Television, publié par Holt, Rinehart and
Winston, est sorti en librairie en novembre 1971.
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Guerrilla Television décrivait une philosophie
alternative des médias et des travaux pratiques,
un texte didactique avec essais, illustrations, et conseils
pratiques rédigés dans une langue convenant
aux jeunes activistes. Bien que les chiffres exacts
de diffusion ne soient pas connus, il pourrait sen
être vendu 25 000 exemplaires, peut-être
plus.
Conçu par Ant Farm, un groupe de vidéo
et de design de la côte Ouest que Shamberg avait
contacté par lintermédiaire de son
ami de collège, Allen Rucker, Guerrilla Television
était divisé en deux sections : 'Meta
Manual', qui consistait en un condensé des idées
de ses associés, transformées par Shamberg,
et 'Manual', qui renfermait plus dinformation
pratique. Dun style vif et graphique, louvrage
était un Radical Software sous forme de
livre, selon lobjectif de Shamberg. Louvrage
a été désigné Vol. I, numéro
6 de Radical Software, bien quil ait paru
avant le numéro 5.
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On trouvait au début de louvrage une photo
dun rhinocéros mort et dune auto
endommagée. La page opposée montrait une
photo dun grand singe dans une antenne de télé.
Ces images symbolisaient la philosophie de Raindance
: on ne pouvait pas changer lordre du monde en
sy attaquant de front sans sannihiler dans
le processus, mais on pouvait parvenir à linfléchir
en adoptant une approche plus patiente, déterminée
et consciente.
Louvrage na pas rapporté beaucoup
dargent, mais il a donné à Raindance
une notoriété nationale et la associée
à un concept distinctif 'guerrilla television'.
Le terme est devenu proverbial pour un style coloré
dactivisme vidéo vigoureux.
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Changements majeurs
Les changements apportés à Radical
Software et Raindance sont manifestes dans le numéro
5, Printemps 1972. On sentait depuis un moment, comme
le reflétaient les éditoriaux de Radical
Software, que la publication, la production et la
diffusion du magazine retranchaient beaucoup trop de
temps à ce que les membres considéraient
comme leur principal intérêt faire
de la vidéo. Confier en sous-traitance des numéros
à dautres groupes vidéo était
une tactique ponctuelle et permettait déconomiser
du temps. Dénicher un éditeur qui verrait
à la production et à la diffusion en était
une autre. Schneider a trouvé une oreille sympathique
auprès de Gordon and Breach, éditeurs
scientifiques qui avaient aussi publié des ouvrages
de Frank Gillette et Paul Ryan. Raindance a accepté
de fournir le contenu éditorial prêt à
photographier, et Gordon and Breach imprimerait et distribuerait
le résultat. Le cinquième numéro
a été le premier produit ainsi. Il avait
un format magazine 9" x 12" et son coût
était de 1,95 $. Il contenait 53 entrées
et articles sur plus de 124 pages.
Un changement de personnel se tramait aussi. Le personnel
de Raindance, tel que mentionné dans le numéro
5, comprenait Dean Evenson, Dudley Evenson, Beryl Korot,
Ira Schneider, Michael Shamberg, Jodie Sibert et Megan
Williams. Louis Jaffe et Frank Gillette étaient
partis. Paul Ryan, membre important du groupe daffinité
de Raindance, était parti à la campagne
pour écrire et faire de la vidéo; Marco
Vassi avait déménagé à Woodstock
et rédigeait des romans érotiques
avec un certain succès. Bientôt, dautres
suivraient. Il devenait vite apparent que Raindance
ne pourrait jamais subvenir seule aux besoins de ses
membres ou, dans certains cas, de leurs ambitions.
Top Value Television (TVTV)
Michael Shamberg, par exemple, de concert avec son
ami Allen Rucker, avait longtemps cru que la vidéo
portapak était un médium idéal
pour un type de journalisme subversif quils envisageaient.
Mais Raindance, engagé maintenant dans la publication
de Radical Software et la projection hebdomadaire
de bandes vidéo réalisées par divers
vidéastes de New York, ne pouvait être
le véhicule pour cette idée. Les productions
que Shamberg et Rucker envisageaient nécessitaient
plus de monde, plus de portapaks, de meilleurs systèmes
de montage et un soutien financier plus important que
ce que Raindance ne pourrait jamais fournir.
Au début de 1972, Shamberg a conçu Top
Value Television ou TVTV, un consortium qui combinerait
le travail de plusieurs groupes vidéo
Videofreex, Ant Farm et certains membres de Raindance,
ainsi que dautres au sein defforts
de grande envergure en matière de production.
Ça a valu la peine. La couverture par TVTV des
conventions des Démocrates et des Républicains
de 1972 a eu un certain impact national, et léquipe
de production a participé à plusieurs
autres projets sous la gouverne de Shamberg et de Rucker.
Les efforts de Shamberg lont conduit, ainsi que
Megan Williams, à San Francisco et loin de Raindance,
mais aussi, en fin de compte, à une carrière
en production cinématographique à Hollywood.
Le prix de la survie
Sur le plan purement financier, Raindance ne pouvait
survivre telle que configurée à lorigine.
Les salaires nont jamais approché un minimum
vital pour New York, même en 1972. Les paiements
en nature nétaient pas inhabituels. Dean
et Dudley Evenson, par exemple, vivaient à larrière
du loft de Raindance. Les autres recevaient un maigre
salaire, peut-être 45 $ par semaine, et vivotaient
comme ils pouvaient ou épuisaient leurs économies.
Il était et est toujours coûteux de vivre
à New York. Certains groupes vidéo, comme
Videofreex, versaient de petits salaires, 25 $ par semaine,
et leurs membres se tiraient daffaire en vivant
ensemble. Mais cette stratégie a des limites
et, en 1971, Videofreex a déménagé
sur une ferme dans les Catskills. Vivre à la
campagne dans les Catskills avait plusieurs avantages
: une population damis partageant les mêmes
goûts, le centre voisin de Woodstock et un style
de vie peu coûteux et sans pressions.
Vive le NYSCA!
Un autre avantage important davoir son siège
social à la campagne découlait de la manière
dont le NYSCA distribuait ses fonds. En 1971, presque
tous les groupes vidéo en puissance de létat
de New York avaient fait une demande de fonds au New
York State Council on the Arts, avec lespoir raisonnable
den obtenir. Le budget du NYSCA avait augmenté
considérablement, passant de 2,5 millions en
1969-70 à 20 millions lannée suivante.
Ce changement, et les augmentations de budget qui suivraient,
a eu pour effet de démocratiser à un degré
sans précédent les arts à New York.
Son impact sur le jeune milieu de la vidéo a
été immense.
La loi dautorisation du NYSCA stipulait que les
subventions du NYSCA devaient être distribuées
par comté selon le nombre dhabitants ce
qui assurait, du moins en théorie, que chaque
personne recevait un nombre x de cents en avantage culturel.
La ville de New York est devenue un point chaud. Avec
sa forte population, elle pouvait sattendre à
recevoir une large part des fonds du NYSCA. Mais la
réglementation a aussi suscité un très
grand nombre de demandes. La compétition était
féroce et certains des postulants étaient
dimportants organismes culturels de New York,
tels le Metropolitan Museum et le Zoo du Bronx. Les
demandes en vidéo proliféraient : des
compagnies de danse, des groupes de performance, des
organisations en art de toutes sortes ont conçu
des programmes vidéo et fait une demande de subvention
au NYSCA.
En sinstallant dans un comté du nord de
lÉtat où peu dorganisations
en art, voire aucune, ne demandaient une subvention,
on avait plus de chance de voir sa demande prise au
sérieux.
Dean et Dudley Evenson avaient vécu à
la campagne durant lété de 1971,
avaient apprécié lexpérience
et avaient décidé de délaisser
la ville au profit de la campagne pour vivre avec un
groupe différent damis amateurs de vidéo
à Downsville, New York, dans le comté
de Delaware. Au printemps de 1972, Schneider et Korot,
désormais rédacteurs en chef permanents
de Radical Software et, en fait, les seuls membres
restants de Raindance, achetaient une petite maison
à Ruby, New York, un hameau rural du comté
dUlster. Ils y ont réalisé des vidéos
et élaboré des projets personnels en plus
de poursuivre la publication du Volume II de Radical
Software. Schneider et Korot partageaient leur temps
entre Ruby et un appartement à New York même.
Le Volume II comprendrait six autres numéros
de Radical Software, dont quatre seraient confiés
en sous-traitance : un à un groupe dartistes
vidéo de Los Angeles, un autre à un groupe
vidéo de San Francisco, un autre à un
groupe associé au Antioch College.
Le dernier Radical Software
Le dernier numéro de Radical Software,
produit par le Center for Understanding Media de la
New School à New York, a paru au printemps de
1974. Un désaccord entre Gordon and Breach et
Raindance au sujet du nombre annuel de numéros
et de la qualité du tirage a finalement mis un
terme à Radical Software. Schneider et
Korot voulaient publier six numéros par année,
estimant que cétait la seule façon
de tenir à jour linformation technique
qui formait une partie du contenu de Radical Software.
Les éditeurs penchaient pour une publication
semestrielle. Les rédacteurs estimaient aussi
que la qualité de limpression et du papier
et la reproduction photographique nétaient
pas à la hauteur des normes du journal. Schneider
et Korot et leurs éditeurs ont convenu de dissoudre
leur relation et Radical Software a été
discontinué.
Le nom le plus souvent associé au leadership
de Radical Software était celui de Beryl
Korot. Elle en était lune des fondatrices,
et son nom paraît au bloc générique
à titre de co-rédactrice ou co-rédactrice
en chef de chaque numéro sauf un Volume
I, numéro 5 qui a été confié
à Shamberg et à Dudley Evenson, et pour
lequel Korot agissait comme rédactrice en chef
adjointe.
Raindance a continué de servir dorganisation
dencadrement pour des artistes qui y avaient été
associés, notamment Schneider et Korot, Frank
Gillette, et plus tard, Juan Downey.
Video Art: An Anthology
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Après Radical Software, il y a eu une
interruption dans les publications jusquen 1975,
moment où Schneider et Korot ont rédigé
des projets pour deux ouvrages, Video Art: An Anthology
et Video Documentary. Harcourt, Brace, Jovanovich
a accepté leur projet, mais seul Video Art a
été produit.
Video Art: An Anthology est la dernière
publication à porter limprimatur de Raindance.
Il sen est vendu 11 000 exemplaires, en version
reliée et de poche. Un sondage a été
effectué auprès dartistes praticiens
de la vidéo et soixante-dix dentre eux
ont bénéficié de deux pages chacun
pour présenter de linformation sur leur
travail. On y trouvait aussi des essais notamment de
Wulf Herzogenrath, Douglas Davis, John Hanhardt, David
Ross, Willoughby Sharp, Peter Frank, David Antin, Frank
Gillette et Davidson Gigliotti.
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Video Art: An Anthology semble très éloigné
des publications antérieures de Raindance. Bien
sûr, ni Guerrilla Television ni Radical
Software ne se préoccupaient particulièrement
de lart vidéo en soi, du moins pas comme
on lentend en général. Et ce, jusquà
ce quon se rappelle que Gillette et Schneider,
qui avaient contribué à lexistence
de Raindance et de Radical Software, avaient
dabord attiré lattention du milieu
vidéo comme les créateurs de Wipe Cycle,
une des uvres fondamentales de lhistoire
de lart vidéo.
Et quaujourdhui, avec Beryl Korot, une
des fondatrices de Radical Software, ils sont
surtout connus pour leurs carrières subséquentes
comme artistes vidéo. Cette situation exige quon
jette un nouveau regard sur lart vidéo
et ses origines.
Nouveau regard sur lart vidéo après
Raindance
Il est utile de se rappeler que lart vidéo,
du moins une version, est dorigine subversive.
Cétait le produit de gens qui cherchaient
à contester lordre alors statique de linformation
aux États-Unis, en lui renvoyant la télévision
au nez au moyen dun nouveau médium, la
vidéo de petit format, qui semblait parfaitement
adapté à cette fin. Bien que peu de ces
gens aient une maîtrise en beaux-arts, nombre
dentre eux, pas seulement les membres de Raindance,
étaient cultivés en art et très
à laise dans le domaine de lart et
des idées au sujet de lart. Mais la plupart
convenaient que lart en soi nétait
pas tout.
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Ils étaient davis quinterpréter
la vidéo simplement comme un autre médium,
par exemple la peinture ou la sculpture, en diminuait
le potentiel. Cétait bien de mettre la
vidéo dans un contexte dart. Mais si cela
signifiait de la restreindre au public dune galerie
ou dun musée, comme la peinture et la sculpture
létaient alors, une grande partie du pouvoir
de la vidéo serait perdue. « Ne nous enterrez
pas dans les musées, disait David Cort, fondateur
de Videofreex, cela nous achèvera pour tout de
bon. »
Épilogue
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David Cort, 1970 |
Raindance est demeurée active comme organisation
dencadrement pour des artistes faisant des demandes
à diverses agences subventionnaires, et en tant
que promoteur de Night Light TV, une émission
de télé sur le câble de New York,
préparée par Ira Schneider et Russ Johnson,
qui présentait des classiques de lart vidéo.
Raindance a pris fin lorsque Schneider a déménagé
à Berlin, Allemagne, en 1993, après avoir
reçu une bourse Fulbright.
En conclusion
Raindance sest positionnée en tant que
collectif vidéo, mais le groupe a toujours conservé
des éléments de la réflexion de
Gillette, même après le départ de
ce dernier.
Les membres eux-mêmes, et leurs associés,
avaient été des professeurs, des journalistes,
des artistes, des écrivains, des scientifiques
et des cinéastes, et étaient versés
en matière de culture des années 1960.
À linstar de nombreux autres, ils éprouvaient
le devoir de contribuer à contester et à
modifier lordre de linformation dalors,
dominé par les réseaux de télévision
et les représentants de la presse des grandes
sociétés.
Mais les membres de Raindance voulaient avoir un plus
grand impact sur le milieu des médias que ce
que la simple production vidéo indépendante
pouvait offrir à lépoque. Les publications
constituaient une avenue importante dinfluence.
Raindance a produit deux ouvrages marquants, Guerrilla
Television et Video Art: An Anthology qui
demeureront importants dans lhistoire de lart
vidéo et la vidéo indépendante.
Le périodique Radical Software, un recueil
de 11 numéros et de 690 pages darticles,
dessais, de plans et de diagrammes par quiconque
réfléchissait à la vidéo
et écrivait à ce sujet de 1970 à
1974, nest pas moins important.
Les lecteurs de Radical Software étaient
surtout jeunes, souvent au collège ou à
luniversité, voire au secondaire, et enclins
à appuyer le changement culturel et social. Nombre
dentre eux ont relevé le défi de
Raindance et conçu leurs propres programmes vidéo.
Leur impact sur notre culture média reste à
être déterminé et compris adéquatement
et pourrait même ne jamais être résolu.
Que la re-publication de Radical Software dans
Internet soit le début dune nouvelle évaluation!
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Que sont-ils devenus ?
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Frank Gillette, 2002 |
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Outre ses maintes contributions à Radical
Software, Frank Gillette a écrit Between
Paradigms, publié par Gordon & Breach
en 1973. Il a aussi fait carrière en art vidéo
et réalisé des installations vidéo
multi-canaux novatrices et influentes. Sa liste dexpositions
est longue et distinguée. Il a reçu des
bourses Guggenheim et Rockefeller. Il vit à New
York et sadonne aujourdhui à lart
numérique, créant de grandes épreuves
et éditions.
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Ira Schneider, 2002 |
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Ira Schneider a aussi fait carrière en art vidéo,
fait des installations et enseigné à San
Diego et à Cooper Union. Il est aussi un boursier
Guggenheim et a reçu nombre dautres honneurs.
Il vit à Berlin, Allemagne, où il continue
de créer des uvres vidéo et photographiques.
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Beryl Korot, 2002 |
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Beryl Korot, également boursière du Guggenheim,
a fait deux oeuvres importantes, Dachau et Text
and Commentary, avant de se consacrer à la
peinture pendant plusieurs années. Elle est revenue
à la vidéo au début des années
1990, et a travaillé avec le compositeur Steve
Reich pour créer des uvres vidéo
numériques sur grand écran et des uvres
de musique chorale, traitant souvent de grands sujets
culturels. Ses uvres sont présentées
partout au monde.
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Phyllis Segura, 2002 |
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Phyllis Segura (Gershuny) est peintre et vit à
proximité de New York sur la rivière Hudson.
Elle est aussi chef cuisinier, et la fondatrice de Broadshirt,
un magazine de poésie.
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Michael Shamberg, 2003 |
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Michael Shamberg est producteur de films. Sa compagnie,
Jersey Films, quil dirige avec Danny DeVito et
Stacey Sher, a produit Erin Brockovich, Man On The
Moon, Gattaca et Pulp Fiction.
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Marco Vassi, 1971 |
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Marco Vassi a atteint une certaine renommée en
tant que conférencier et auteur de littérature
érotique, publiant des titres comme The Devil's
Sperm Is Cold, Slave Lover, Contours of Darkness, The
Stoned Apocalypse et dautres, avant son décès
prématuré en 1989 à lâge
de 51 ans.
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Louis Jaffe, 2003 |
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Louis Jaffe réside à San Francisco, où
il est associé au Greeninfo Network, un groupe
qui effectue de la cartographie SIG pour des groupes
de conservation. Il joue encore de la guitare et fait
de la photographie.
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Paul Ryan, 2002 |
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Paul Ryan est membre du corps professoral du Media Studies
Program à la New School University de New York,
où il écrit et réalise des vidéos.
Il est le concepteur de the Earthscore Notational
System, une approche environnementale à la
production vidéo, et est lauteur de plusieurs
livres et de maints articles. Parmi ses livres, mentionnons
Cybernetics of the Sacred et Video Mind, Earth
Mind.
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Dean et Dudley Everson, 2003 |
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Dean et Dudley Evenson vivent à Bellingham, Washington,
où ils créent, produisent et distribuent
Soundings Of The Planet, une série très
populaire de CD de musique méditative quils
ont lancée en 1979.
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Recherche en vue du présent article
Pour rédiger cet article, jai interviewé
tous les membres vivants de Raindance à lexception
de Jody Sibert, que je nai pu joindre par téléphone
ou courriel. Tous les numéros de Radical Software
ont été scannés et décortiqués,
et jai puisé dans mes souvenirs personnels
de certains événements. Toute erreur de
description des événements dans ce texte
doit être attribuée à lauteur.
J'aimerais remercier Louis Jaffe pour la permission
d'utiliser les photos 1 à 6 provenant de ses
archives. La photographie du rhinocéros se trouve
dans le livre Guerilla Television, publié
par Raindance. À l'exception des photos récentes
de Louis Jaffe, Michael Shamberg et Ira Schneider,
les autres photos sont de l'auteur.
Davidson
Gigliotti © 2003
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